L'épave d'U Pezzo - Rapport pluri-annuel 1998-2001 |
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Analyses - restes fauniques |
Préambule Situation de l'épave & Objectifs de la fouille Constations archéologiques: membres.&-varangues
vaigrages.&.acotards Etude.comparative de.charpente Les.pinques: essai de définition: Analyses: |
Nouvelle contribution archéologique à la connaissance de lalimentation des marins : la faune collectée dans lépave « U Pezzo », à Saint-Florent (Haute-Corse ; XVIIIe s.) Jean-Denis VIGNE et
Mathilde COUTURIER Les vestiges fauniques recueillis dans les épaves lors de fouilles sous-marines sont rares et en général peu nombreux, mais ils apportent souvent des informations originales. Ce fut le cas par exemple des déchets de cuisine recueillis dans le lest de lépave de lAber Wrach (Finistère nord, XVe s. LHour et Migaud, 1990), ou du crâne de rat du « Ca-Ira » (Saint-Florent, Haute-Corse, fin XVIIIe s. ; Vigne et Villié, 1995). Lépave du « U Pezzo », fouillée sous la responsabilité de Pierre VILLIE dans cette même baie de Saint-Florent, présente en létat, une longueur de 23m sur une largeur de 6m. Elle est datée du milieu du XVIIIe s.. Elle a livré seize restes fauniques dispersés autour des pièces de bois qui constituaient le fond de la coque. Ils présentent une patine assez homogène, jaune orangé à gris foncé, preuve dun séjour prolongé dans les vases marines. La fragmentation résulte exclusivement de la découpe bouchère au tranchet, qui désigne la plupart de ces restes comme des rebuts de boucherie ou de consommation. Leur état de conservation est néanmoins excellent. La relative concentration spatiale de ces os ainsi que leur nombre, relativement élevé compte tenu des conditions du gisement, achèvent de convaincre quils sont bien associés à lépave : il sagit en grande majorité des dernières poubelles conservées à bord avant le naufrage. Quinze des seize restes ont pu être déterminés. Huit renvoient à un individu au moins de bovin domestique (Bos taurus) adulte dassez grand taille (1 fragment de vertèbre thoracique, 5 fragments de côtes, 1 extrémité distale dhumérus gauche, 1 extrémité proximale dulna gauche). Ils désignent deux pièces de viandes au moins, un plat de côte et une crosse (déchet de boucherie équivalent au coude), tous deux désarticulés à coups de tranchet comme en témoignent des traces caractéristiques. Cinq os de caprinés désignent trois pièces au moins : une tête de mouton adulte (boite crânienne ouverte par un coup de tranchet parasagittal), un plat de côtes (représenté par deux diaphyses costales) et un ilion droit tranché sur le col figurant un « arrière ». Le crâne renvoie clairement au mouton (Ovis aries) mais il nest pas possible de décider entre ovin et caprin pour les autres restes. Le porc, sans doute domestique (Sus scrofa domesticus) nest attesté que par un fragment de scapula droite portant des traces de prélèvement de la viande au couteau sur le bord ventral (« palette »). Une dernière pièce mérite une mention particulière. Il sagit de la tête osseuse complète dune poule (Gallus domesticus) de petite taille, trouvée dans les restes dune cage en matière végétale. Probablement une volaille gardée vivante sur le navire pour les ufs ou la viande, et noyée dans sa prison lors du naufrage. Bien que réduit, le petit assemblage de lépave du « U Pezzo » livre donc quelques éclairages sur la vie à bord : consommation de viande de buf, de mouton et de porc, ce dernier semblant plus rare, conservation probablement temporaire des derniers déchets domestiques (avant leur rejet à la mer, sans doute), poule(s) embarquée(s). Quoique plus tardif, il rappelle, du moins pour les deux premiers points, celui de lépave de lAber Wrach (LHour et Migaud, 1990). Lattestation archéologique de la présence de poule(s) à bord apparaît toutefois originale, même si les textes lindiquent probablement par ailleurs. Paris, 30 novembre 2000.
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